Espionnage: l'Europe recule face à la Maison-Blanche
Divisés, les États membres ont renoncé formuler une exigence commune d'explication leur partenaire américain.
L'Europe et les États-Unis vont commencer négocier lundi un vaste accord de libre-échange sans que soit abordée la question qui fâche et que Paris avait posée en préalable: l'espionnage, par l'agence d'écoutes américaine NSA, d'une quarantaine d'ambassades européennes, dont les missions françaises Washington et l'ONU.
C'est José Manuel Barroso, le président de la Commission, qui a confirmé vendredi l'incapacité des 28 capitales de l'UE former un front uni et adresser une exigence commune d'explication la Maison-Blanche. Résultat: les experts des renseignements du Vieux Continent se rendront Washington un peu plus tard et sous leur propre drapeau, contrairement au compromis noué mercredi par et Angela Merkel.
L'arrangement de dernière minute permet l'Administration Obama de lancer effectivement la négociation commerciale transatlantique - un enjeu majeur pour Washington et de nombreux Européens - sans avoir offrir d'explication détaillée sur le jeu de la NSA. Mais il risque d'être difficile avaler pour la France, restée la pointe de l'exigence.
Le dernier coup est venu du Royaume-Uni: Londres, invoquant la souveraineté nationale, a refusé net qu'une question d'espionnage puisse se retrouver propulsée l'échelon européen, fût-ce pour un simple échange avec les Américains. Il est vrai que la discussion risquait de faire ressortir des liens opérationnels étroits entre la NSA et sa sœur britannique, le GCHQ
«Les questions de renseignement entrent dans la compétence des États membres et non pas de l'UE et elles feront (ultérieurement) l'objet de consultations» bilatérales, a reconnu vendredi le président Barroso. L'Europe, après avoir beaucoup exigé, sauvera la face en dépêchant quelques fonctionnaires lundi Washington. Bruxelles fait aussi mine de hausser le ton en menaçant de revenir sur deux accords avec (...)